Les Templiers en Seine Saint-Denis

L'Ordre des Chevaliers de la milice du Temple, fondé en 1119 par Hugues de Payns pour la défense des pèlerins en Terre Sainte, participa aux croisades et devint propriétaires de domaines et forteresses.

Après l'échec de la 7 ème croisade et sa capture en 1254, le roi Louis IX dit Saint-Louis (1227-1270) une fois libéré après rançon, incita - ou ordonna- à ses vassaux de faire donation de terres et bénéfices en faveur des moines soldats de l'Ordre. Il était souvent présent à sa résidence de Vincennes, alors paroisse de Montreuil-sous- Bois, et ses ordres furent éxécutés par les seigneurs , notamment  les descendants de Guillaume de Garlande qui firent plusieurs donation représentant au total quelques 500 arpents en forêt de Bondy Livry. La plus grande partie des bois du Temple était sur l'actuelle commune de Pavillons-sous-Bois. Ces biens sont localisés en vert sur la carte ci-dessous.

Après la perte de la Terre Sainte, l'Ordre se retira dans ses possessions européennes, fit office de banque et se consacra à la gestion de ses biens. A partir de 1307, ses membres seront persécutés sur instruction du roi Philippe IV le Bel et après de nombreuses péripéties, l'Ordre sera supprimé en 1312 avec l’aval du  pape Clément V puis ses dirigeants exécutés à Paris au mois de mai 1314. Les biens des Templiers recensés en juin 1319 par l'Officialité de Paris seront dévolus à l'ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem qui deviendra plus tard l'Ordre de Malte.

Au niveau régional, la gestion de l’Ordre était assurée depuis sa Commanderie du Temple de Paris, relayée dans l’est parisien par :

1) La  commanderie  du Temple de Clichy-en-l'Aunoye

Cette commanderie semble avoir été créé après 1290 car à cette date ses biens étaient encore gérés par le trésorier parisien Jean de Tour (ancien nom de Saint-Prix dans le Val d’Oise) Elle se trouvait sur le hauteur du chemin qui descendait de Clichy-sous-Bois à l'abbaye de Livry. Il en dépendait une seigneurie située à Clichy-en-l'Aunoye avec Justice haute, moyenne et basse justice.et droits afférents. Elle avait été constituée en 1261  lors de la vente du fief de Rosay à Clichy-en-l’Aunoye réalisée par Eudes de Bosay et André de Clichy. Les bois,  terres, vignes et censives étaient réparties dans les localités de Chauconin (Seine et Marne)  Gonesse (Val d’Oise) Gagny, Livry, Montfermeil et Bondy (Seine Saint Denis).

Le premier  titre qui fait mention de la seigneurie est une vente faite au mois d'avril 1270 par Jean Boileau aux Templiers de Paris, pour les besoins de la maison de Clichy, de cinq arpents de terre pour le prix de dix livres parisis.

Le 19 févier 1275, Henri VI de Grandpré seigneur de Livry fit placer 21 bornes pour séparer sa terre de celle qu'il venait de dobnner aux Templiers. Cela n'empêcha pas qu'une contestation n'éclate en 1290 entre et Templiers et le nouveau seigneur de Livry, qui était alors le chambellan du roi Pierre de Chambly. Celui-ci affirmait que la haute, moyenne et basse justice de Clichy lui appartenait avec les garennes alors que les Templiers soutenaient que ces droits venaient de la donation faite par le comte de Grandpré en 1267. Une transaction mit fin à ce débat. On délimita par des bornes la seigneurie des Templiers qui conservèrent la haute, moyenne et basse justice moyennant une indemnité de 800 livres tournois, qu'ils payèrent à Pierre de Chambly. De plus, ce dernier eut le droit exclusif de chasser la grosse bête dans toute la terre de Clichy, et dans les bois du Temple, les Templiers ne gardant que la garenne.

En 1277, Philippe le hardi accorda aux hommes du Temple, demeurant à Clichy, le même droit d'usage qu'il avait accordé aux habitants de Livry  pour le pâturage de leurs bestiaux et pour y prendre le bois de chauffage, dont ils avaient besoin. 

Jean de Merouville aurait été l'un des Commandeur de Clichy et assista à la cérémonie de réception du chevalier Pierre de Sarcelles avec le visiteur Hugues de Pairaud mais la date est incertaine (1204 selon les uns, 1304 selon les autres) On trouve également en 1361 le commandeur Pierre de Rampillon cité dans un accord passé en 1348 avec Marguerite de Pacy, abbesse de Chelles.

Le domaine seigneurial des Templiers de Clichy-en-l’Aunoye  comprenait environ 647 arpents de terre divisés en plusieurs parties d'inégales importances :

Les bois du Temple à Bondy-Livry, principale propriété.

Cet ensemble forestier d'environ 400 arpents d’un seul tenant situé au nord et à l’est du village de Bondy englobait partie des localités actuelles de Clichy et Livry-en-l’Aunoye, Nonneville (écart d’Aulnay) et fraction de Bondy  devenue Bondy-Forêt puis les Pavillons-sous-Bois en 1903.

Il a été constitué par regroupement de plusieurs donations ou acquisition provenant pour l’essentiel de la famille de Guillaume de Garlande seigneur de Livry. 

1.      Donation vers 1231 de Guillaume de Garlande, seigneur de Livry, soit une vingtaine d’arpents à Bondy (non localisée)

2.      Donation de 1267 par  Henri VI de Grandpré seigneur de Livry-en-l'Aunoye et sa femme Laure de Montfort  de  280 arpents, dits« les bois du roi»  situés au nord est  de Bondy (en fait Pavillons-sous-Bois), forêt exempte de gruerie, avec tout ce qu'ils possédaient à Clichy, en fiefs, arrière-fiefs, pressurages de vins et autres droits seigneuriaux. Dans cette donation sont inclus 14 arpents au bois du Château Gobillon. Au XVII ème siècle, ces bois étaient dit "la Croix Gauthier" .

3.      En 1284, vente par Jean et Pierre de  Clacy, frères d'Emmeline et fils du chevalier Jean de Clacy –dit aussi Jean de Bondy –   pour le prix de 200 livres et 15 sols parisis 62 arpents à Bondy. Ces terres étaient situées en bordures du chemin de Meaux, 22 arpents aux Bois du Roi et aux Courtillières (ou Courtillion) face au Buisson de Bobigny, c'est à dire de nos jours à l'intersection des routes nationale RN3 et RN 186.

Cette dernière partie fut incluse dans la seigneurie de Roland Landois seigneur de Bondy au XVI ème siècle et l'on trouve plusieurs propriétés éparses au siècle suivant, notamment 89 arpents  sur Bondy et le Raincy  provenant de l’adjudication de Jean et  Antoine Herouard, conseiller du roi et Trésorier Général de France à Châlon.

Des propriétés secondaires.

A  Clichy-en-l’Aunoye 51 arpents en 2 parties au bois au Martel.

Au Chesnay 2 arpents

A Gagny 17 arpents au lieu dit Les Bruslis sur vente de Nicolas Delamarre.

Le bois Notre-Dame, 43 arpents (localité ignorée )

Le bois aux Fontanelles, 22 arpents (localité ignorée)

A Villemomble 43 arpents provenant d'un échange avec Jean Levesque, seigneur de Launay.

A Gagny une propriété à Gagny donnée en 1272 par Pierre de Gagny, sous la condition de lui accorder sa sépulture dans l'église. Elle comprenait 66 arpents, une maison et un pressoir. On ignore ce qu'ils sont devenus.

§§§

Ces biens semblent avoir été vendus car nous en retrouvons une  fraction en 1661 dans les mains de Marguerite DELAMARRE, veuve de Louis CARRé et de Claude CHAMONIN, greffier tabellion de la Justice de Mauregard (77) , comme l’établi un aveu rendu à Nicolas PARIS BOISSY, chevalier de l’Ordre de Saint Jean de l’Hôpital,  Grand Prieur de France, à cause de sa seigneurie de Clichy-sous-Bois.

Les autres commanderies.

2) La Commanderie de Gonesse :

Elle appartenait au Xllle siècle à Pétronille Du Change qui en fit donation sous condition en 1284 aux Templiers de Paris. La maison était située à Gonesse, rue des Forges et était en ruines en 1448. La terre et seigneurie de Stains, en aurait relevée en vertu d’une vente faites  aux Templiers, en janvier 1239, par Gervais de Chaumont, vassal de Guillaume de Flaucourt.

3) La commanderie de Montmorency :

Les Templiers de Paris formèrent cette maison près de la Fontaine à partir  d’une donation datant de 1192 et constituée par une rente de deux setiers de châtaignes que Bouchard de Montmorency leur accorda à prendre chaque année dans ses bois. En 1269, Mathieu III, seigneur de Montmorency, leur octroya des lettres d'amortissement pour tous les biens qu'il possédaient audit lieu, sans réserve d'aucun droit de justice ou de seigneurie, mais sous la condition expresse que les Templiers ne pourraient jamais y élever tour ou  forteresse.

C'est à cette occasion qu'il échangea 62 arpents localisés au sud est du village de Bondy et à Villemomble venant, croit-on de Guillaume IV de Beaumont-en-Gâtinais, seigneur de Villemomble et de sa fille Isabelle (Isabeau) épouse de Gui VIII de Montmorency, fils de Guy VII de Montmorency et de Philippa de Vitré, comte de Laval. En contrepartie, les Templiers lui donnèrent 20 arpents à Ecouen et 53 arpents situés à Attainville (Val d'Oise).

Ce fichier a été modifié le 15 mai 2005. En savoir plus sur les Templiers.


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